Une autre économie est possible… mais les agriculteurs solidaires des Paniers Marseillais sont aussi immergés dans l’économie de marché concurrentielle dominante, avec ses règles, ses inégalités, son individualisme. Quelques éléments pour se faire une idée…
1 Le compost
Chaque année, 50 tonnes de compost sont achetées. Elles sont livrées mélangées aux 50 tonnes de compost provenant des poulaillers de l’exploitation. Le compost obtenu est un compost de qualité, très nutritif, contrôlé et analysé régulièrement par les Paniers Marseillais. Il faut 10 tonnes/ha de compost, l’entretien doit être fait quasiment chaque année. Coût : 100€/tonne.
2 Plastique

- Plastiques pour les serres
Une fois la culture achevée, on enlève tout (plastique, préempaillage). Un rouleau de plastique, c’est 200 m x 2 m. Il existe des rouleaux biodégradables, à base de maïs, mais ils sont bien trop chers. Environ tous les deux mois, le plastique usé est trié puis part au recyclage. Coût : 200 euros/tonne de plastique recyclé pour l’agriculteur.
Derrière on rebâche. La dépense atteint 1 900 euros rien que pour le plastique de chaque tunnel et il faut compter 4 jours de travail à 4. Renouvellement tous les 4 ans.
3 Les terres
Neuf hectares au total en location depuis 22 ans pour les légumes, en deux fois 4,5 ha (les champs sont séparés par d’autres cultures louées ou appartenant à des voisins) ; plus 6 hectares dont les Péré sont propriétaires et où ils ont planté des arbres fruitiers.
4 Pépinière et semences

- Plants
Plants et graines sont achetés dans une pépinière.
5 Les outils
Quand on est en bio et en polyculture on a beaucoup d’herbes ; le désherbage fait partie des activités principales et régulières (voire quotidiennes). Il existe des outils pour désherber, mais les outils sont différents pour chaque légume ! Pour les carottes par exemple il existe un brûleur spécial (coût : environ 8 000 euros) qui permet de désherber plus facilement et plus rapidement, mais il ne pourra servir qu’à cette activité et qu’à ce légume. Un griffon spécifique a été acheté pour les poireaux et les choux, et sinon beaucoup se fait à la main, à la binette…
6 Les gros outils (tracteurs…)

- Tracteur
Au démarrage avec les Paniers Marseillais, l’exploitation ne disposait d’aucun tracteur. Aujourd’hui (2014) ils sont trois, indispensables, mais un surtout, acheté il y a quatre ans, est le plus utilisé. Il faut citer aussi le camion de livraison qui avale les kilomètres entre Saint-Gilles et Marseille !
7 La lutte contre les insectes prédateurs et les maladies
L’exploitation utilise le savon noir comme répulsif, la bouillie bordelaise (cuivre) et le cuivre plus des compléments biologiques à base d’algues. La famille Péré travaille beaucoup avec les auxiliaires, c’est une science très précise qui demande énormément d’observation et d’attention pour pouvoir répondre rapidement aux invasions. Par exemple, dans l’utilisation des afidus pour lutter contre les pucerons, 4 ou 5 jours de retard suffisent pour que la culture soit très vite dévastée : même si on met le double d’auxiliaires, rien n’y fera. Il faut intervenir ni trop tôt, ni trop tard. Ces auxiliaires doivent être commandés et achetés au bon moment, puis lâchés en utilisant des repères… tout un savoir-faire.
8 La pollinisation
L’arboriculture notamment suppose une aide à la pollinisation. Ainsi pour les abricotiers quinze ruches sont louées le temps de la pollinisation (30 euros la ruche).
Dans les serres (pour les tomates, courgettes, fraises, etc.) des bourdons sont utilisés.
Et nous sommes loin d’être exhaustifs. Mais ces quelques points rapidement survolés suffisent à écarter l’image idéalisée d’une exploitation agricole dans laquelle le merveilleux travail de la nature plus la sueur des hommes et des femmes, seulement perturbés par quelques aléas climatiques (vent, pluies, excès de chaleur, gel…) résumerait la vie d’une exploitation. Non, chaque jour, chaque année, durablement, nos maraîchers doivent aussi compter, gérer, dépenser, se confronter aux prix pratiqués pour des outils, du plastique, du grillage, etc. Faire partie de l’économie sociale et solidaire n’empêche pas que la réalité des choses et l’environnement économique sont bien présents.